Attention, spoilers dans l’article.
Brad Pitt, Tommy Lee Jones, un grand vide intergalactique avec de belles images et une belle bande son, qu’est ce qui pouvait laisser présager que Ad Astra de James Gray sorti en 2019 pourrait être aussi décevant ? Permettez moi de revenir dans cet article sur l’autopsie de l’échec d’un Interstellar 2.0.
Commençons par le commencement, en analysant le scénario.
Pour faire court, il est terrible mais arrive tout de même à décevoir de plus en plus au fur et à mesure que le film avance. La quête d’identité et de spiritualité du personnage principal est ridiculement satirisée. Roy McBride (Brad Pitt. Oui oui, le même roi qui a joué dans World War Z, Se7en ou encore Burn After Reading) recherche son père (Tommy Lee Jones, donc lui aussi une légende tout de même) présenté comme mort aux confins de la galaxie au service d’un mystérieux programme spatial américain. Son père, Clifford McBride, un héros renommé, n’est en fait peut-être pas si mort (croyez-moi, ça aurait été bien mieux comme ça). Rendu fou par la grandeur de son projet et de son échec inévitable, McBride Senior doit être stoppé dans son entreprise. Et pour ça, qui de mieux pour le faire que son propre fils ? Apparemment beaucoup de monde puisque Roy McBride ne trouvera pas d’autre solution que de massacrer l’intégralité de l’équipage d’une navette spatiale pour que ce soit lui et pas eux qui aillent chercher et stopper son père. Tout cela est saupoudré à la fin du bien connu cliché : « Je suis parti loin pour me rendre compte que je suis bien mieux chez moi, l’univers est froid et vide, revenons sur Terre ! » parce que sinon ça n’aurait pas été une daube digne de ce nom.
Si on sort de l’analyse purement scénaristique, le film peut se targuer d’être tout de même très beau esthétiquement. Cependant, Interstellar ou Gravity l’avaient déjà fait beaucoup mieux en n’étant pas complètement pourris à côté. Tommy Lee Jones est laissé à un rôle complètement secondaire et décevant de A à Z. J’ai été particulièrement énervé tout le long du film en serrant les poings et soufflant du nez de plus en plus fort au fur et à mesure qu’il avançait. La fin du film, qui a tout de même été validée par des professionnels il est bon de le rappeler, se résume à « on va faire une grosse explosion nucléaire intergalactique pour que ça le ramène chez lui en quelques jours ». Sans parler qu’il se sert d’une grosse éolienne pour traverser de manière millimétrée un champ d’astéroïdes (même Star Wars n’aurait pas osé).
Je ne préfère même pas parler des incohérences qui concernent la physique et l’espace parce qu’il y aurait beaucoup trop à dire (je suis tout simplement trop nul dans ces domaines pour m’y aventurer dans les détails) mais d’après ce que j’ai lu de personnes bien plus compétentes, il y en a plein et, toujours d’après ces personnes, elles donnent envie de s’arracher les yeux ou de boire un cocktail de Javel. Même si on peut tolérer quelques incohérences qui restent inaccessibles au spectateur lambda, il ne faut tout de même pas être astronaute pour savoir que rentrer, sans y avoir le droit, dans une navette spatiale (via le réacteur en train de s’allumer, si si c’est comme ça qu’il entre) pour massacrer « par accident » l’intégralité de son équipage et ensuite couper tous les moyens de communications n’est la meilleure idée du monde. Quid du rôle de Donald Sutherland qui est plus que secondaire et, en fait après réflexion, complètement nul et inutile mais bon, au moins ça ne détonne pas complètement du reste du film.
Mention spéciale à la scène de la course poursuite en rover lunaire qui l’est tout autant mais au moins elle est bien. Même si encore une fois, il faut omettre tous les détails géopolitiques qu’impliquent des pirates qui prennent d’assaut un convoi américain sur la lune pour juste tuer tout le monde mais bon.
En résumé, ce film est une grande perte de temps. Bien qu’il ait une esthétique un tant soit peu léchée, ce qui rend les plans dans l’espace agréables à regarder, ça ne rattrape pas les 2h04 de film qui reste bien long et tout mou (pitié James Gray rend moi ce temps perdu).
Mauro Bezerra-Perrone