Lorsque Marion (Arielle Dombasle) part avec sa cousine Pauline (Amanda Langlet) sur les côtes bretonnes, elle retrouve par hasard un ami d’enfance, Pierre (Pascal Greggory). Celui-ci lui fait rencontrer immédiatement Henri (Feodor Atkine), écrivain qui cultive son mystère, et dont elle tombe sous le charme de manière toute aussi immédiate. Quant à la jeune Pauline de quinze ans, elle fait la connaissance d’un jeune homme de son âge. Ce sont justement ces amours estivales qui vont planter la graine des secrets et de la discorde entre les relations ainsi formées.
« Pauline à la plage » est l’histoire d’un moment hors du temps. Comme l’explicite une des scènes essentielles du film (le premier repas chez Henri), les quatre principaux personnages conçoivent différemment l’amour, et notamment dans sa temporalité. Marion et Henri semblent vouloir vivre un amour présent, instantané, tandis que l’amour se construit dans la durée selon Pauline et Pierre. Le film va donc s’attacher à exposer ces deux conceptions de l’amour, et à voir toutes les subtilités cachées dans des conceptions aussi manichéennes du sentiment amoureux. Le travail sur les dialogues fait apparaître des relations et des sentiments qui sont beaucoup plus complexes qu’ils ne semblaient à leurs débuts. Le film dévoile donc pas à pas, tout en délicatesse, le rapport de chacun à l’amour et les conséquences directes sur ce qu’il vit. Le scénario, véritable série de mensonges et de dévoilement autour du même fait, entre faux et vrais secrets, sert brillamment cette volonté du réalisateur.
L’atmosphère du film est poétique ; la mer, élément central du film, apporte un caractère naturel au film. Les relations semblent plus simples à la plage, plus spontanées. Le film semble nous transporter dans une sphère particulièrement agréable : les maisons verdoyantes et impeccables sont toujours ouvertes, et les personnages gravitent librement entre les différentes maisons, la plage et le bord de mer. En plus d’être suspendu hors du temps, le contexte de « Pauline à la plage » est suspendu hors de l’espace. C’est lorsque les personnages quittent temporairement cette bulle que les secrets se multiplient, s’intensifient. Les corps ont également beaucoup de place dans le cadre. Les corps lisses et sensuels de Marion, Pauline, Henri ou encore Louisette subliment l’image.
Mais malgré cette subtilité de fond et cette esthétique, certains éléments m’ont paru faux. Certains dialogues, par exemple, manquaient de naturel. Arielle Dombasle prononce son texte de manière déclamatoire et traînante, ce qui est plus exaspérant que convaincant. Le personnage de Louisette, petite marchande un peu cruche qui n’a jamais quitté sa Bretagne natale (les dialogues en soulignent le provincialisme avec un navrant effort) est caricatural. De manière générale, hormis le personnage de Pauline que j’ai trouvé très intéressant, les personnages se cantonnent à un rôle stéréotypé, avec un flagrant manque de nuances ; Marion est une fille belle, libre et légère, Henri un séducteur égoïste et Pierre un amoureux frustré… C’est un peu trop simple à résumer finalement, et sans surprise : devant cette répartition caricaturale des rôles, il est aisé de deviner que Marion finira dans les bras d’Henri…
J’aurais aimé trouver dans ce film des personnages à la hauteur de leurs conceptions de l’amour, qui sont pourtant particulièrement intéressantes. C’est effectivement décevant de voir qu’une si belle réflexion ne soit pas matérialisée ; elle sonne creuse. « Pauline à la plage » vaut tout de même le détour pour sa poésie aux frontières de la philosophie.
Aude Laupie