Ah oui c’est déjà le troisième quand même ! 

   En ces temps d’élections présidentielles, le réalisateur Philippe de Chauveron n’a pas froid aux yeux et répond à une question qui tourmentait bon nombre de Français : 

Quoi de neuf chez les Verneuil depuis leurs dernières mésaventures ? 

   Au premier abord… rien de bien nouveau sous le soleil de Chinon ! Claude et Marie mènent une vie tranquille de seniors. Alors que l’été approche, Claude pense alors avoir un peu de sérénité, lui qui cherche viscéralement à éviter ses gendres résidant maintenant dans la même bourgade. C’était sans compter sur la surprise préparée par ses filles qui organisent, pour leurs parents, une fête grandiose pour leurs 40 ans de mariage. Et pour couronner le tout, chacune d’entre elles invite ses beaux-parents. Après tout, plus on est de fous, plus on rit ! 

   Avant de rentrer dans les nombreux détails de l’intrigue, revenons sur quelques-uns de ses principaux personnages : 

   Claude Verneuil : plus de 60 ans au compteur, il connaît des difficultés artistiques à la suite de l’échec de son dernier livre. Sa caractéristique principale ? Il est profondément aigri et imbu de sa personne. A cet égard, il se plaint régulièrement de ses gendres (Chao, Rachid, David et Charles) « qui ne sont vraiment pas des flèches » et se vante à plusieurs reprises de « connaître (personnellement !) le Procureur Bouchard ». Christian Clavier livre une belle prestation en parvenant à faire transparaître au public tout ce qui rend le personnage détestable. Un bon rebond pour l’acteur après sa prestation bancale dans le médiocre Mystère à Saint Tropez (2021). 

   André Koffi (père de Charles et beau-frère de Claude) est ici décrit par sa femme comme  » gras comme un phacochère « Ill se distingue dans ce troisième volet par ses contradictions : gourmand mais végéphobe, tendre mais belliqueux, ses nombreuses joutes verbales face à Claude sont, de fait, plutôt croquignolesques.              

   Dong Ling (le père de Chao) : très remonté après son dîner raté avec Claude et Marie à Pékin, le personnage est discret mais acerbe. Un véritable sniper qui ne manque pas une occasion pour s’en prendre à Claude tout au long du film. C’est un vrai renard des surfaces à la maîtrise du running gag sensationnelle ce qui fait de lui l’un des meilleurs ajouts de ce volet. Il faut aussi mentionner sa femme, Xhu, au taux d’alcoolémie anormalement élevé. 

   Helmut (un collectionneur d’art allemand intéressé par les « œuvres » de Ségolène) : il a un accent un poil exagéré, il est gérontophile et il porte des gants en cuir au volant de sa Porsche tout en écoutant du Wagner. Pas besoin d’en dire plus. 

   Mention non honorable au jeu d’acteur d’un certain nombre d’artistes dans ce salmigondis. Comme le résume Franck Sauzée :  » Oh que c’est mal joué ! » 

   Et pour couronner le tout, cette joyeuse bande de freluquets ne parvient pas à maintenir une cohérence dans un ensemble aux (trop nombreuses) sous-intrigues. D’autant plus qu’elles sont traitées de façon complètement honteuses. Au choix : racisme ordinaire, conflit israélo-palestinien, peur de vieillir, divorce, point Godwin en force… une purge absolue. 

   Après avoir dit tout ça, passons à la vraie question : Julia où es-tu ? L’absence de Julia Piaton signe en effet la mort de son personnage, Odile Verneuil-Benichou, mais plus généralement du film tout entier. L’œuvre se perd en effet trop souvent dans des scènes inutiles, de la méchanceté purement gratuite (cf. le dessert chinois), sans compter les  nombreuses séquences qui ne feront rire que les grenouilles de bénitier. 

   Cette trilogie, qui se veut l’héritière des Aventures de Rabbi Jacob et autres œuvres satiriques, peine à trouver le ton juste. Si le film veut vraiment passer un message pro-diversité, pourquoi le faire au travers d’une succession de stéréotypes d’une autre époque ? 

   Et finalement, pourquoi tirer sur l’ambulance ? Le film est peut-être exactement ce qu’on attend de lui : raciste, xénophobe, poujadiste, et irascible. Le réalisateur a trouvé le moyen de s’en prendre à tout le monde à la fois, ce qui fait passer un message poisseux : tout le monde est raciste mais bon, c’est pas très grave. 

   Mention spéciale à La Pieuvre et au personnage de Ségolène qui sont monumentaux et sauvent clairement ce naufrage. 

PS : dans le fond, on a eu quelques rires coupables mais moins que notre voisine de devant.

Guillaume Aubert, Omer Gourry et Nicolas Kanoui

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