Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, une douce ode à la vie.
En 2001, se révèle au cinéma français et international le talent de la jeune actrice encore peu connue, Audrey Tautou. Elle nous livre alors une délicate interprétation du personnage d’Amélie Poulain dans le long métrage éponyme. En ressort une comédie romantique dont le succès ne se fait pas attendre, mais tout de même critiquée dans la communauté cinéphile pour son aspect trop utopique et peu représentatif de la France. Le réalisateur nous plonge dès le début du film dans un Paris mythique et fantasmé, le Paris d’Amélie. Idéalisé, romancé, coloré, on voit Montmartre et son quartier à travers les yeux joyeux et enfantins de la jeune femme. Amélie Poulain a 24 ans mais a gardé son âme d’enfant. Ce qu’aime Amélie c’est les petits bonheurs simples de la vie ; briser la croûte d’une crème brulée ou faire des ricochets sur le canal Saint-Martin. Son existence est rythmée par toutes les petites attentions qu’elle apporte à son entourage haut en couleur, au point d’en délaisser sa propre vie. Son destin bascule enfin lorsqu’après un concours de circonstance, elle se met en quête d’un jeune homme, aussi étrange et unique qu’elle.
Madeleine de Proust ou petit trésor retrouvé dans un vieux grenier, chaque détail du film cherche à réveiller l’enfance ou la nostalgie du spectateur. De la bande originale mythique de Yann Tiersen aux détails rétro d’un vinyle ou d’un appareil argentique, en passant par une image aux couleurs saturées, on aime ce doux retour dans le temps. L’identité visuelle polychrome aux tendances sépia est reconnaissable entre mille. Un jaune, un vert et un rouge criard éveillent instantanément la curiosité et l’attrait de chacun. Au-delà d’un aspect années 60 très agréable, les couleurs sont choisis minutieusement et révèlent le ton que Jean-Pierre Jeunet veut donner au film. Alors que la plupart des décors et des costumes sont essentiellement verts ou jaunes parsemés de rouge, Amélie se détache de ce décor et rayonne entièrement de cette couleur chaude. Elle pétille de sa bonne humeur et égaye autant le film que tous les personnages avec leurs petits problèmes du quotidien. On a l’impression que chaque décor se teinte de ces couleurs et se détache du reste dès le passage d’Amélie, comme la petite épicerie au coin de sa rue.
Amélie Poulain c’est une histoire d’amour, de vie, un vent de fraicheur et de tendresse sur un cinéma français dramatique. Se plonger dans les yeux d’Amélie c’est faire le pari d’une humanité en laquelle on a cessé de croire. Jean-Pierre Jeunet réussi pendant 2h à nous faire oublier un quotidien morose pour suivre l’aventure fantasque d’une jeune fille en quête de vie. Amélie est une rêveuse, loin d’abandonner tout espoir, elle façonne le monde à son image pour le rendre plus humain, plus bon, plus Amélie. Elle réussit à réveiller en nous le brin de nostalgie qui nous fait sourire. Ce film peut paraitre niais ou surfait pour certains, mais c’est ce Paris coloré et cette romance idyllique qu’on aime et qui nous met du baume au cœur. C’est un film simple, sans prétention scénariste qui souhaite nous livrer un récit sur les charmes discrets de la vie, ses petits plaisirs et fantaisies qui rendent heureux. « Les temps sont durs pour les rêveurs » s’exclame avec justesse un des personnages, et c’est pour cela qu’on aime s’émerveiller avec Amélie.
Sophie Pinier