« Laurence Anyways » ; s’aimer quoi qu’il arrive 

Qui n’a jamais rêvé de vivre l’idylle parfaite ? On parle d’une flamme qui ne vacillera jamais, de rires qui s’élèveront dans la voiture en rentrant à la maison. Laurence Anyways nous présente Laurence Alia, un professeur d’une trentaine d’années ainsi que sa partenaire, Frédérique Belair. Du jour au lendemain, sans prévenir, Laurence annonce à Fred qu’elle est en fait une femme. Pourtant, ce n’est pas simplement l’histoire d’une femme trans ; c’est surtout un couple qui paraît invincible, mais dont l’évolution de l’un d’eux fragilisera sérieusement cette relation. À travers ces quelques années durant lesquelles Laurence et Frédérique vont s’aimer, se quitter, se retrouver, le spectateur finit par se poser lui-même la question clé du film : est-ce que les sentiments pour l’autre suffisent à tout surmonter ?

Xavier Dolan utilise ainsi la métaphore, par le biais de scènes mêlant symbolisme et poésie, afin de répondre à cette problématique. Laurence Anyways est une véritable capsule québécoise de 2 heures 48, extérieure au monde réel. Le croisement entre imaginaire et vérité trouble et émeut le public, le tenant en haleine jusqu’à la prochaine scène. La palette de couleurs allant des tons pastels aux nuances flamboyantes capte l’attention dès la toute première minute. Tantôt un rouge carmin puissant, pour passer à un doux rose bonbon. Les couleurs évoquent ainsi elles-mêmes une transition, déterminant l’ambiance générale dans une pièce. Les rayons de lumière viennent également jouer avec les différentes teintes, notamment dans le but de pointer du doigt les contrastes entre vivacité et fadeur dans un même espace. Sans oublier une bande son typique du réalisateur, dans laquelle on retrouve du classique ou encore de la new wave, et soulignée par l’utilisation de musiques issues des 80’s. 

Laurence est un personnage certes complexe, mais surtout incompris. En tant qu’enseignante, elle cache sa véritable identité de peur d’un jugement de ses élèves mais aussi de sa direction. Comment avancer professionnellement, sentimentalement, lorsque le genre attribué à la naissance ne suit pas le genre véritable ? 

Ce rôle sublimé par le jeu d’acteur de Melvil Poupaud, au sourire charmeur et à la manucure en trombones, parvient à nous convaincre de l’importance du sujet de la transidentité. Laurence évoque les conflits, les doutes, la difficulté que génère sa transition aux yeux de la société. C’est avec assurance malgré l’adversité, que cette femme deviendra petit à petit, celle qu’elle rêvait de présenter au monde depuis 35 ans. Suzanne Clément, une des actrices fétiches de Dolan, interprète ici Frédérique, la compagne aimante avec une sincérité saisissante… Mais parfois décontenancée suite au coming-out de Laurence. Bien que cette dernière subisse de la transphobie, c’est avant tout le changement d’attitude de sa moitié qui rendra cette étape cruciale bouleversante.

Xavier Dolan a de toute évidence trouvé le parfait duo, portrait d’une alchimie naturelle mais d’une passion presque toxique à certains moments. On peut dire qu’il s’agit là d’un couple haut en couleurs ; notamment par leurs vêtements, leur coiffure, leurs meubles, les commerces et soirées qu’elles fréquentent…

Mais surtout leur histoire d’amour.

Albane Perrot

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