Le film s’ouvre sur de très beaux plans de Paris et de l’exaltation des supporteurs français après la victoire de l’équipe nationale à la finale de la coupe du monde 2018. Le réalisateur met ensuite en place une espèce de mise en situation assez plaisante. On découvre au travers les yeux de Stéphane – policier normand qui vient de s’installer dans le 93 – le quartier et ses différents maux : trafic de drogue réglé par les frères musulmans, prostitution orchestrée par les nigérians. On commence aussi à comprendre quel lien entretiennent ces flics avec les banlieusards, un lien à la fois hiérarchique mais aussi parfois très fraternel. L’élément perturbateur ? Un jeune du quartier vole un lionceau au cirque qui s’est installé à proximité. En tentant d’attraper le jeune voleur, la bavure policière est vite arrivée, le jeune Issa reçoit un tir de LBD dans l’œil. Comme si tout cela n’était pas assez alambiqué, on apprend que cette scène a été filmée par le drone d’un jeune du quartier. S’ensuivent alors de nombreuses démarches pour arrêter ce jeune qui pourrait compromettre l’avenir de l’équipe de la BAC. Le gentil flic normand discute avec le kébabier Salah et le convainc en arrière-boutique de lui donner la carte mémoire contenant les preuves de la bavure policière. Pendant ce temps Chris, flic raciste et homophobe continue d’être violent et le flic Gwada enfant du quartier rassure les mamans pendant les perquisitions. Plus le film avance et plus ces archétypes deviennent agaçants en raison notamment du jeu d’acteur parfois approximatif des membres du trio de la BAC. Le film se conclut sur une guérilla urbaine, des dizaines de jeunes s’en prennent aux trois policiers. On tombe alors malheureusement dans le spectaculaire. Le film sonne parfois très juste – notamment dans une mise en situation touchante et spirituelle – mais finit par sombrer dans le sensationnel.
Agathe Mornon