Elles fleurissent de partout, elles vous guettent dans chaque coin de rue, non ce n’est pas le plein emploi mais bien la prolifération des affiches moches. Si vous vous êtes toujours demandé pourquoi, pourquoi la nouvelle affiche de votre blockbuster favori était…spéciale, ou ressemblait à celles d’autres films… ?

Rappelons que l’affiche est essentielle à un film, elle se doit de rendre compte de l’univers d’un film, de donner envie aux spectateur.ice.s ou encore de mettre en avant tel ou tel aspect du scénario. Si les affiches de films, utilisées depuis plus de 100 ans, sont devenues essentielles à toute production cinématographique. Au-delà d’un aspect purement marketing on prend désormais un réel plaisir à les découvrir dans un tournant de bouche de métro ou encore à les admirer sur les devantures des cinémas. L’affichage a toujours une place assez importante en France, dans la mesure où ce n’est qu’à partir de 2020 qu’il est possible de faire de la publicité pour le cinéma à la télévision. On promeut un film et on le met en avant grâce  à une affiche.

Initialement la définition d’une affiche est simple: c’est un visuel créé pour promouvoir un film, imprimé et accroché dans la rue et au sein des cinémas. Mais depuis quelques années, et surtout depuis le rachat de la franchise Marvel et Star Wars par Disney, on se retrouve face à des affiches… au goût plutôt douteux. Des têtes de personnages volantes, des traits lissés, des néons rouges et bleus, un positionnement des personnages qui frôle celui de la chorale dans laquelle vous avez chanté en 6e, et un milliard de têtes, car oui tous les personnages vont se trouver sur cette affiche… mais à quel prix ? Du nouveau Guillermo Del Toro, en passant par Dune, Avengers, Scream et Star Wars toutes ces affiches ont une composition similaire (si ce n’est les mêmes acteurs). Ces affiches se standardisent largement pour au final ne plus se démarquer des autres, moins révéler l’identité propre du film dont elle est la représentante et ou perdre l’intérêt initial que les cinéphiles portent envers ces affiches.

Prenons exemple, pour mieux cerner cette “fever” de la standardisation des affiches laides, de l’affiche du dernier Star Wars de J.J Abrams et d’Aladdin de Guy Ritchie, tous deux issus de la franchise Disney. Ces deux affiches ont une approche artistique similaire, alors qu’ils sont deux films aux univers totalement différents. Les couleurs, la position et la composition des personnages ainsi que l’identité graphique de l’affiche sont semblables. La standardisation des affiches de cinéma ne concerne pas seulement les blockbusters américains mais aussi d’autres types de films. Elle apparaît dès les années 2000 et s’explique notamment par le manque croissant de créativité de certaines productions résultant du  budget de plus en plus serré de certaines productions cinématographiques. Aussi face au succès de certains films, la reprise d’un positionnement ou de couleurs spécifiques permettent d’être associé à une réussite au box office et à coïncider avec d’autres films à l’univers cinématographique plus ou moins proches ( comme les affiches de Star Wars et Jurassic Park par exemple). La plupart des affiches des comédies romantiques et des films à suspense des années 2000 reprennent aussi  un certain code esthétique.

S’il est triste de constater que les affiches de nos films à gros budget préférés semblent de plus en plus neutres et indifférenciables, on peut tout de même souligner que les affiches de certains films, moins présents dans les médias, n’étant pas au cœur de l’actualité et ne faisant pas le plus d’entrées continuent à se démarquer des codes et standards vus et revus des affiches des dernières années. L’affiche de Lamb de Valdimar Johannsson (2021) ou encore Spencer de Pablo Larrain (2022) sont deux affiches récentes qui m’ont particulièrement marquée. Elles ont toutes les deux des visuels différents mais apportent quelque chose au.à la spectateur.ice qu’on ne retrouve plus dans certaines autres affiches, elles sont à la fois plaisantes, intrigantes et somptueuses photographiquement parlant. Tout n’est pas fini pour les affiches, placardons les sur les murs, inventons des nouvelles affiches, créons de nouveaux standards, faisons des ponts par rapport à d’autres œuvres… L’affiche ne doit pas être simplement banale mais géniale.

 

Emma Revillet

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